Erwan Saint-Macary, séminariste, se présente

Je suis heureux de pouvoir prendre le temps de me présenter davantage à vous. Je vais vous partager comment le Seigneur a transformé ma vie, et comment il m’a conduit au séminaire. J’ai 31 ans, je suis en 6ème année de formation pour devenir prêtre, et pourtant il y a encore 9 ans j’étais athée.

J’ai grandi dans une famille catholique pratiquante, mais à 18 ans j’ai quitté la maison pour entrer en médecine militaire. J’éprouvais une grande sensation de liberté, conscient que je pouvais construire ma vie comme je le désirais. Rapidement, j’ai commencé à avoir des doutes et un tiraillement intérieur par rapport à la foi que j’avais reçue. Et si tout ce qu’on m’avait inculqué était en réalité sans fondement réel ? Et si la religion et la foi n’étaient qu’une invention de l’homme afin qu’il se rassure face aux angoisses de l’existence. Quand j’allais à la messe, je regardais tout à travers ce prisme, et j’avais le sentiment que tout sonnait faux. Je me sentais manipulé par un beau lieu, une ambiance, des paroles et des gestes répétées froidement, tout un rituel mécanique pour me pousser à croire. J’avais alors l’impression de m’être fait rouler pendant de nombreuses années et j’étais convaincu que la foi et la religion n’étaient en réalité qu’une expérience psychologique et culturelle. Le rationalisme de Freud a eu raison de moi et j’ai complètement rejeté tout ce qui concernait Dieu ou la foi chrétienne pendant 4 ans. C’était une période de ma vie où tout semblait se passer à merveille : j’étais en couple, j’avais une bonne bande d’amis, j’avais réussi médecine, j’étais officier dans l’armée et j’avais un salaire. J’avais l’impression d’avoir coché toutes les cases, mais pourtant il y avait comme un vide en moi. J’avais le sentiment que la vie n’avait pas de goût, frustré qu’elle n’ait pas plus à m’offrir. Alors j’ai essayé de combler ce vide par différentes fuites : les jeux vidéos, la pornographie, les voyages, le monde de la nuit, etc… Plus le temps avançait et plus j’étais dans l’excès, et la détresse intérieure se faisait toujours plus grande. Conscient qu’il me manquait quelque chose dans ma vie, je me suis mis à la recherche de l’Amour. Je voulais trouver celle avec qui je voudrais partager toute ma vie, une femme solide avec des valeurs. N’en connaissant pas autour de moi, je me suis mis à la recherche d’une « catho », mais d’une « catho » qui ne croit pas trop en Dieu. Cela m’a conduit à retourner à une messe, puis à un festival chrétien à l’été 2015.

Là bas, pendant les temps de silence, j’ai vécu un grand combat intérieur. Mon esprit cartésien refusait l’existence de toutes réalités spirituelles, mais mon cœur criait de solitude face aux questions existentielles de la vie : pourquoi suis-je sur cette Terre ? qu’y a-t-il après la mort ? est-ce que Dieu existe ? Désireux de ne pas passer à côté d’une possible réalité de Dieu, je lui ai demandé de se manifester à moi s’il existait. Sa réponse a été de me montrer mon péché, de me faire sentir combien je m’étais blessé, et j’avais blessé des personnes par mon égoïsme et mon orgueil. Ce poids m’était insupportable et j’ai décidé avec courage de rencontrer un prêtre. Il m’a invité à me confesser, et c’est le moment que Dieu a choisi pour me faire expérimenter sa Présence et son Amour inconditionnel. Cette expérience m’a profondément bouleversé. J’ai compris que Dieu existait, qu’il avait toujours été là avec moi, qu’il voulait partager sa vie avec moi et avec le monde entier. Désormais, la chose qui comptait vraiment, c’était que chaque personne puisse découvrir cet Amour.

Au fil de cette nouvelle amitié avec Dieu, le désir de lui consacrer tout ma vie a germé. J’avais peur du célibat, mais j’ai compris que c’était un don de Dieu par lequel il me donnerait de vivre une proximité et une fécondité toute particulière. À travers la Parole de Dieu et l’adoration, l’appel à suivre Jésus comme prêtre s’est fait de plus en plus pressant. Le jour où j’ai répondu à cet appel, j’ai goûté à une joie que je ne connaissais pas. J’ai compris que Dieu œuvre sans cesse pour que notre « joie soit parfaite » (Jn 15,11). Après 8 ans d’études de médecine dans l’armée, je suis entré au séminaire pour le diocèse de Paris et comme membre de la Communauté de l’Emmanuel. La rencontre de Dieu a changé ma vie, désormais je sais que je ne serai plus jamais seul, et que pas à pas Il m’apprend à mieux aimer en vue d’être prêt pour la rencontre éternelle avec Celui qui est l’Amour.