Revenons à la maison

La clé de ce passage est peut-être bien dans les premières lignes : d’une part des gens qui se pressent pour écouter Jésus. Ils sont des pêcheurs et de l’autre des gens honnêtes, qui essaient de faire ce qui plaît à Dieu : des Pharisiens et des scribes. Ils ne peuvent qu’être choqués : si Jésus avait un peu de discernement, il verrait à qui il a affaire ! Donc si Jésus était Fils de Dieu, il ne pourrait pas côtoyer des pécheurs.

Jésus raconte cette parabole pour leur faire découvrir un visage de Dieu qu’ils ne connaissent pas encore, le vrai visage du Père. Nous avons l’habitude de parler de la parabole de l’enfant prodigue… Mais, en fait, le personnage principal dans cette histoire, c’est le père, le Père qui a deux fils. Ils ont au moins un point commun : ils sont l’un et l’autre plus dans la défiance que dans la confiance. Ils se considèrent comme propriétaires de l’héritage. « Donne-moi ma part », « Jamais tu ne m’as donné ».

L’un et l’autre font des calculs. Celui qui a péché dit « je ne mérite plus » ; celui qui est resté fidèle dit « je mériterais bien quand même quelque chose ». L’un et l’autre envisagent leur attitude filiale en termes de comptabilité.

Le Père, lui, ne veut pas entendre parler de calculs, ni de mérites. Il aime ses fils, c’est tout. Il n’y a rien à comptabiliser. Le cadet disait « donne-moi ma part, ce qui me revient… » Le Père va beaucoup plus loin, il dit à chacun « tout ce qui est à moi est à toi ». Il ne laisse même pas le temps au fautif d’exprimer un quelconque repentir, il ne demande aucune explication ; il se précipite pour faire la fête « car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé ». C’est cela la joie de Dieu.

La leçon de cette parabole : avec Dieu, il n’est pas question de calcul, de mérites, d’arithmétique : or c’est une logique que nous abandonnons très difficilement. Toute la Bible est l’histoire de cette patiente pédagogie de Dieu pour se faire connaître à nous tel qu’il est et non pas tel que nous l’imaginons. Avec lui il n’est question que d’amour gratuit… Il n’est question que de faire la fête chaque fois que nous revenons à la maison.