Homélie de Ghislain Mahoukou

Jean-Baptiste, notre allié pour l’Avent !

 

J’aime beaucoup saint Jean-Baptiste. Il est un peu bizarre, je le reconnais ! Dans l’évangile selon saint Marc Jean-Baptiste est décrit comme quelqu’un qui vit dans le désert, il a un manteau en poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins, et il se nourrit de sauterelles (vivantes ou grillées, ce n’est pas dit) et de miel sauvage. Personne ne vit comme ça de nos jours.

 

Qu’est-ce qui me plaît chez Jean-Baptiste ? Je vous rassure que ce n’est pas son look pas très rassurant ! Ce qui me plaît, c’est le programme qu’il propose pour accueillir le Messie. En effet, Jean-Baptiste n’est ni dans l’excès ni dans l’agitation. Nous, nous sommes souvent pressés ; pas le temps d’attendre ; nos agendas sont fulls ; pas de temps de respirer, d’espérer, de vivre. Notre défaut, c’est d’en faire beaucoup trop ; notre hyperactivité nous sert d’excuse pour ne pas voir le pauvre Lazare qui mendie devant notre porte et qui meure dans le froid de notre indifférence.

Pour nous comme pour les contemporains du Baptiste, la venue du Messie doit changer quelque chose en nous. Et que devons-nous changer en profondeur ? Commençons tout d’abord par vivre Noël non pas comme un souvenir du passé mais comme un présent continu. Les chrétiens ne marchent pas à reculons. Noël n’est pas seulement un anniversaire. Noël, c’est Jésus qui vient maintenant dans le cœur de chaque homme, chaque femme, chaque enfant.

Comment accueillir Jésus aujourd’hui ? C’est là que Jean-Baptiste peut nous inspirer une attitude mesurée, juste et authentique. Il est à l’opposé du fanatique qui veut détruire l’autre ou cherche à le conditionner. Jean Baptiste reçoit l’autre, tel qu’il est. Il a compris qu’il faut lui laisser de la place. Préparer les chemins de Dieu, c’est se préparer à l’accueillir. « Il faut qu’il grandisse et que je diminue ». Il s’efface. Il désire l’autre, prépare sa venue et respecte celui qui vient après lui. Jean Baptiste nous impressionne par sa discrétion. Il ne se prend pas pour le Messie. Il ne s’imagine pas non plus son représentant. Il ne prétend pas accélérer la venue du Messie par sa prédication. Il est la voix qui indique le chemin à suivre. Jamais il ne se confond avec celui qu’il annonce et qu’il attend. Il y a une qualité qui lui va comme un gant : l’humilité (humus, terre) ; celui qui se rabaisse volontairement jusqu’à terre pour faire grandir l’autre. Et si on essayait tous de lui ressembler ?

Jean invite à le rejoindre au désert pour entendre la voix qui dit de préparer les chemins du Seigneur. Pourquoi le désert ? C’est précisément le lieu où l’homme se sent petit, fragile et démuni ; il peut donc y faire l’expérience de l’intimité avec Dieu. Nous nous plaignons souvent de ne pas entendre Dieu ou de ne pas voir son visage. C’est peut-être parce que nous nous suffisons trop à nous-mêmes. Pour entendre Dieu, il faut être comme un enfant, c’est-à-dire un être dépendant et qui a envie de grandir dans l’amour de ses parents. Les enfants ne savent pas tout, mais ils ont confiance en leurs parents pour les guider.

Pour rencontrer le Christ qui vient, on n’est pas obligé de faire des milliers de kilomètres à pied, sauf si ça vous fait plaisir ; de se vêtir de poils de chameau et de manger des sauterelles. Il s’agit tout simplement de « faire désert », c’est-à-dire de se débarrasser des artifices, du bling-bling et des apparences, pour retourner à l’essentiel ; bref se convertir ! Préparer la venue du Sauveur, c’est nous préparer pour que sa parole porte du fruit en nous.

Comme Jean Baptiste, faisons place à l’autre, partageons et transformons nos relations humaines en relations d’amour. C’est en devenant plus humains que nous accueillerons Dieu.