Chemin de croix 2021

Chemin de croix du vendredi saint 2 avril 2021


[**Pour entrer dans notre chemin de croix*]

Se rassembler pour un chemin de croix, en 2021, cela pose beaucoup de questions.

Alors que notre société veut écarter tout ce qui évoque la souffrance et la mort, est-ce que nous serions masochistes pour nous pencher ainsi, étape par étape, sur toutes les souffrances et sur la mort d’un condamné ?

Alors que tout célèbre l’individualisme, alors que nous savons que Dieu nous appelle à la liberté, nous allons célébrer l’obéissance de Jésus à son Père. « Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ». Est-ce que Dieu veut la souffrance et la mort d’un innocent ?

Sommes-nous des masochistes ? Jésus a eu horreur de la mort. Mais il a encore plus horreur de notre mort, de voir notre humanité séparée de Dieu par notre péché et par tout le mal qui nous ronge. Il a eu la liberté, à Gethsémani, d’échapper à ce supplice. Mais le choix qu’il a fait, c’est de vivre son Incarnation jusqu’au bout, en plein « alignement » de sa volonté avec celle de son Père. Se laisser terrasser par le péché des hommes pour le terrasser à son tour, dans un retournement inimaginable, qui nous montre que le mal n’a pas le dernier mot et qui nous offre la vie.

Nous avons parcouru ce carême avec « Fratelli Tutti » et la figure du Bon Samaritain que nous propose le pape François.
Le bon samaritain ne se contente pas de prier pour l’homme blessé. Il s’arrête, il panse ses plaies, le prend sur sa monture, dépense pour lui temps et argent et s’engage à revenir.
Aujourd’hui, Jésus ne se contente pas de prier pour nous ou de nous enseigner en paroles, il prend sur lui notre péché, comme Isaïe le dit dans ce chant du serviteur que nous lirons tout à l’heure : « il a été compté avec les pécheurs, alors qu’il portait le péché des multitudes et qu’il intercédait pour les pécheurs. »

Quelle obéissance Dieu attend-il de nous ? Obéir, c’est se fier à la vision de celui qui voit plus loin que nous, qui voit au-delà de notre petit horizon. C’est ainsi que les parents demandent l’obéissance à leurs enfants. Obéir à Dieu, pour les chrétiens, c’est lutter contre la souffrance sous toutes ses formes, c’est rétablir l’homme dans la dignité que Dieu veut lui donner. La pandémie nous rappelle tous les lieux de ce combat : l’hôpital, la maison, l’école, le magasin, le laboratoire, le bureau, le chantier, l’usine… Obéir à Dieu, c’est agir. Mais c’est aussi accepter que la souffrance et la mort soient toujours présentes, que nous ne puissions pas les éliminer de notre vie. Et alors, obéir à Dieu, c’est les vivre, et aider nos proches à les vivre avec Jésus souffrant.

Spectateurs du chemin de croix, nous voudrions aider Jésus, comme Véronique, comme Simon de Cyrène… mais laissons-nous d’abord aider par lui. Prenons le temps de le contempler dans sa passion, d’imaginer ses sentiments, prenons le temps de le prier, pour nous et toutes ces personnes qui souffrent, physiquement ou moralement. Dans ce chemin de croix, laissons des temps de silence.

Cette année, les 14 stations ont été préparées par quatorze groupes de la paroisse, de tous âges et actifs dans tous les domaines. Elargissons ainsi notre attention à la grande diversité de ce que vivent des hommes et des femmes aujourd’hui, à leurs souffrances et à leurs espoirs.

Jean-Claude Larrieu, diacre

[*Ecoutons*] « Ich ruf zu dir, Herr Jesu-Christ » (Je t’appelle, Seigneur Jésus-Christ) de J.S. Bach, joué par Emmanuel Hocdé, notre organiste.

Vers la première station