L’équipe d’hommes qui se charge de mettre fin à la vie du diacre Étienne par lapidation fait preuve d’une organisation et d’une efficacité remarquable. Le texte de la première lecture nous dit que « tous ensemble, ils se précipitèrent sur lui, l’entrainèrent hors de la ville et se mirent à le lapider » (Ac 7, 57-58). La division des rôles qui est mise en place pour l’exécution est tellement bien pensée qu’elle prévoit même un « vestiaire », un jeune qui est chargé de garder les vêtements des meurtriers pour que ces derniers puissent accomplir leur geste en toute liberté de mouvement.
Le jeune, on le sait, est Saul, le même Saul qui, quelques mois après, sera baptisé
à la suite d’une vision miraculeuse de Jésus et qui deviendra le plus grand missionnaire de l’histoire chrétienne.
Il y a une unité mystérieuse qui se réalise entre Étienne et Saul, lorsque le premier, en train de mourir, prie le Seigneur pour que le péché de ses bourreaux, plus on
moins impliqués, ne leur soit pas compté. « Heureux ceux qui lavent leur vêtements ; ils auront droit d’accès à l’arbre de la vie » (Ap 22, 14). Étienne est un martyr, il fait partie de ceux qui ont lavé leurs vêtements dans le sang de l’Agneau. Sa prière est écoutée, elle est féconde, elle obtient du Seigneur que le cœur de Saul ne soit pas totalement empoisonné par son péché, que Saul puisse rester ouvert à la manifestation de Dieu dans sa vie.
Combien de fois, lorsque le soir venait lui donner un peu de repos de sa mission,
Saul se sera souvenu de ses derniers instants avec Étienne, là où tout avait commencé, bien que de manière totalement invisible. La communion chrétienne est une communion de cet ordre-là. Elle ne brille pas aux yeux du monde par son efficacité. Elle est souvent appelée à se réaliser entre des personnes qui n’auraient jamais imaginé de se retrouver ensemble ; elle est, parfois, maladroite. Elle est tellement improbable que,
lorsqu’elle se réalise, elle devient signe de la présence du Seigneur : « je leur ai donné
la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un » (Jn 17,
22) – dit Jésus à son Père.
La communion chrétienne n’est pas, tout simplement, un commandement. D’une
certaine manière, elle coïncide avec l’annonce de l’évangile, qui est l’annonce d’un
amour qui nous a aimés le premier : « qu’il soient un en nous, eux aussi, pour que le
monde croie que tu m’as envoyé » (Ac 22, 21).